Mens Tennis Forums banner

Les Bleus se racontent

2495 Views 8 Replies 4 Participants Last post by  Lindsayfan
I have just found that at www.leparisien.com. I think Seb's part will be online tomorrow.

« Je pars un peu dans tous les sens »
Arnaud Clément, 37e joueur mondial




CHAQUE JOUR jusqu'au début de la finale, vendredi, un joueur de l'équipe de France se raconte, des premières balles qu'il a frappées jusqu'à ses passions hors du court, en passant par les bons et les mauvais souvenirs de sa carrière. Aujourd'hui, c'est Arnaud Clément qui se dévoile.

« J'avais 7 ans lorsque j'ai tenu une raquette en main pour la première fois. C'était en 1984, à Puy-Ricard, près d'Aix-en-Provence. Mes parents étaient membres du club du village et, avec mon grand frère, on s'est mis à taper dans la balle parce qu'il fallait bien s'occuper pendant qu'ils jouaient. J'ai tout de suite adoré ça, mais il a fallu que j'attende d'entrer dans les cents premiers mondiaux, en 1997, pour réaliser que je pourrais faire du tennis mon métier. Je ne m'étais jamais posé la question de cette façon auparavant. Je m'amusais, c'est tout. Et aujourd'hui encore, le tennis n'est pas toute ma vie. Ce qui compte le plus pour moi, c'est la famille, il n'y a pas photo. »

« Un mauvais souvenir dans le tennis ? Oui, j'en ai un ! Quand j'étais minime, je n'arrivais jamais à me qualifier pour les Championnats de France. Mais une année, j'avais gagné une compétition qui me qualifiait d'office. Or au dernier moment, la Ligue a décidé de donner ma place à un type plus fort que moi qui s'appelait....Sébastien Grosjean. Sur le coup, ça m'avait fait mal, j'étais défait. »

«Le jour où j'ai été le plus heureux sur un court, c'est celui des résultats du bac. Si je l'avais, mes parents m'avaient donné leur feu vert pour consacrer une année entière au tennis, avant de commencer mes études. Quand j'ai su que j'étais reçu au rattrapage, je suis parti directement au Country Club d'Aix, où je n'avais pas mis les pieds depuis un mois à cause des révisions. Ce jour-là, même si j'ai tapé dans la balle n'importe comment, je me suis régalé... »

« Ma première sélection en Coupe Davis, c'était pour la demi-finale contre la Belgique, à Pau, en 1999. C'est bizarre, mais je ne me rappelle plus le moment où Guy m'a appelé pour le dire. Ce qui m'a marqué, en revanche, c'est quand j'ai enfilé pour la première fois le survêtement de l'équipe de France. J'étais trop fier ! Même aujourd'hui, à chaque fois que je le mets, ça me fait toujours quelque chose ! »

« De toutes mes sélections, je ne garde que de bons souvenirs. Mais il y a quand même quelque chose qui m'énerve. Après chaque rencontre, nous organisons une fête entre nous. A la base, c'est sympa, mais à chaque fois, en milieu de soirée, ça dégénère. On se déchire tous les chemises, on finit en lambeaux, torse nu. On ne ressemble plus à rien. Alors maintenant, je prévois le coup, je mets des tee-shirts. »

« Me définir ? J'ai du mal... Je suis quelqu'un qui met beaucoup de volonté dans tout ce qu'il entreprend. J'ai un côté fantasque et, à un moment, cette image m'a un peu gêné. Je me suis dit que j'en faisais peut-être un peu trop quand je répondais aux journalistes, mais finalement, je suis comme ça dans la vie : je pars un peu dans tous les sens. »

« Je n'ai pas vraiment de passions. En fait, je crois que je ne suis pas quelqu'un de très intéressant ! Je ne m'enflamme pas pour les grands débats de société, sauf quand cela concerne les enfants... et les feux de forêts. Je hais les pyromanes. Quand j'étais gosse, j'ai vu brûler la montagne de la Sainte-Victoire, chez moi, au-dessus d'Aix : ça m'a traumatisé. Je me rappelle que je m'étais demandé comment on pouvait faire du mal à la nature. Et je n'ai toujours pas la réponse. »

Propos recueillis par Claire Raynaud-Gastineau (avec H.D.)
Le Parisien , lundi 25 novembre 2002
See less See more
1 - 9 of 9 Posts
« Je suis devenu Monsieur Coupe Davis »
NICOLAS ESCUDE, 34e joueur mondial




« La première fois que j'ai tenu une raquette, c'était en 1978, à Gradignan, chez ma grand-mère. J'avais 18 mois ! Evidemment, je ne m'en souviens plus mais on me l'a raconté. Et puis j'ai une photo de moi avec cette raquette. Elle est accrochée dans ma chambre.

« A la base, pourtant, le tennis, ce n'était pas mon rêve. Je voulais faire du foot. Ce n'est que vers 17 ans que j'ai vraiment su que j'en ferai mon métier. Car j'avais été refusé à l'Insep, à cause de mauvais résultats scolaires. On m'a envoyé en sport-études à Poitiers. En un an, j'ai rattrapé tout le monde mais je n'en ai jamais autant bavé que durant cette année. Sauf peut-être lors de mon premier Roland-Garros, en 1993. Je jouais contre Becker au premier tour et les organisateurs m'avaient mis sur le central. Je me suis fait taper 6-0, 6-3, 6-0. Je n'avais qu'une envie : qu'on en finisse ! C'est le plus mauvais souvenir de ma carrière.»

« Depuis, bien sûr, il y a eu des tas de bons moments. Le meilleur restant forcément la finale de la Coupe Davis l'an dernier à Melbourne. Dans l'esprit des gens, je suis devenu Monsieur Coupe Davis.»

« C'est Yannick Noah qui m'a sélectionné pour la première fois en équipe de France. C'était en 1998. On s'est retrouvé sur une terrasse à Key Biscayne en Floride. Au milieu de la discussion, il m'a dit : Veux-tu aider l'équipe actuellement en Deuxième Division mondiale à remonter parmi l'élite ? Je lui ai répondu que je ne rêvais que de ça. Et, quelques jours plus tard, j'ai gagné le double avec Guillaume Raoux contre la Finlande. C'était le jour de mon anniversaire, le 3 avril. A la fin du match, j'allais quitter le court et tout d'un coup j'ai entendu Yannick, monté sur la chaise d'arbitre, hurler que chaque petit nouveau avait un discours à faire. Un énorme gâteau d'anniversaire est arrivé et j'étais tellement ému que j'ai à peine réussi à bredouiller quelques mots. »

« L'autre moment fort en Coupe Davis, c'est le double avec Olivier Delaître à Rennes en juillet 2000, en match de barrage contre l'Autriche. C'était son dernier match, plein d'émotion. D'autant qu'on sortait aussi d'une période pas joyeuse dans l'équipe. Tout avait explosé après la finale perdue en 1999 face à l'Australie. En interne, on avait fait le ménage en se disant nos quatre vérités. »

« D'ailleurs, je n'aime pas repenser à cette finale de 1999. Elle m'a fait mal. J'étais dans l'équipe, mais je n'ai pas joué : les places de titulaires étaient déjà distribuées avant même le stage préparatoire. Humainement, il n'y a rien eu. Sportivement, on a perdu. C'était nul. En dehors du tennis, j'aime faire de la rando en montagne. J'adore les moments de solitude, en famille. Je déteste en revanche les obligations, nombreuses dans le tennis. C'est un univers qui est un peu faux. On est obligé de dire bonjour et au revoir à certaines personnes sans forcément les apprécier. Ce n'est pas un milieu dans lequel je ferai de vieux os. »

Propos recueillis par Claire Raynaud-Gastineau et Hervé Dacquet
Le Parisien , mardi 26 novembre 2002
See less See more
« Par-dessus tout, j'aime rigoler »
Fabrice SANTORO, 35e joueur mondial




« La première fois que j'ai touché une raquette, c'était à Toulon, en 1979. J'avais 6 ans et demi. Je l'avais trouvée par terre. C'était une raquette d'adulte. Je l'ai prise à deux mains, ce n'est pas une légende, et je suis allé taper contre le mur. Si j'étais passé quatre fois de suite à côté de la balle, peut-être que ma vie aurait été différente. Dix ans plus tard, j'ai pris la première grande décision de mon existence : arrêter mes études et ne plus me consacrer qu'à cela. Avec des résultats immédiats, comme en octobre 1992, lorsque j'ai battu la légende Jimmy Connors, au premier tour du Tournoi de Vienne. Il avait 40 ans, moi 20 : inoubliable... »

« Mon pire souvenir, c'est le tournoi de Bercy, en 1991. Cette année-là, j'avais joué le quart et la demi-finale de Coupe Davis. Nous étions à un mois de la finale de Lyon contre les Américains. Et, à Bercy, je devais affronter Noah, mon capitaine, mon idole, qui avait une wild-card. L'atmosphère était particulière. Yannick était un Dieu en France et moi le gamin de 18 ans qui montait. Yannick a usé de son aura auprès du public. J'ai été écrasé par l'homme et l'événement. Derrière, je n'ai pas joué la finale de Coupe Davis... »

« Mes relations avec Yannick sont à l'origine d'un autre souvenir traumatisant, en match de barrage face aux Belges, à Gand, en 1997. Cela faisait six ans que j'attendais d'être à nouveau appelé en équipe de France. J'ai accepté de jouer alors que j'étais hors de forme. Je n'ai pas osé dire non à Yannick. Lui s'est dit : Je ne peux pas l'écarter avec ses résultats. A force de « je ne peux pas », on est allé droit dans le mur. J'ai perdu en trois sets face à Dewulf. »

« Heureusement, j'ai vécu depuis des moments d'immense bonheur en Coupe Davis. Comme cette finale de Melbourne, l'an dernier. Je me rappelle encore du moment où, après avoir gagné le double, nous nous sommes tombés dans les bras avec Cédric Pioline, avec l'impression d'avoir réussi quelque chose d'immense. Alors que tout le monde n'arrêtait pas de rabâcher qu'on ne se parlait pas un an plus tôt... Le lundi matin, juste avant de reprendre l'avion pour Paris, on a tous pris la parole. C'était incroyablement émouvant. »

« Mais le tennis n'est pas toute ma vie. Je suis quelqu'un de posé, simple. Et ce que j'aime par-dessus tout, c'est rigoler... Il n'y a pas un jour où je ne rigole pas, même les plus noirs. Ce que je déteste, par contre, c'est la violence. Quand je croise une mamie de 75 ans qui couve son sac de peur d'être agressée, je trouve cela épouvantable. C'est aussi pour ça que je suis parti de Londres pour Genève, qui est plus sûre. Parce que personne n'est à l'abri, même si moi j'ai la chance de vivre dans une bulle, protégé. Mais j'ai travaillé pour ça : ce qui m'arrive, je ne l'ai pas volé. Le sport, ce n'est pas Star Academy. On n'est pas recruté sur annonce. C'est tout, sauf subjectif. Si vous êtes numéro un, c'est que vous êtes le meilleur au monde. J'aime ce principe. »

Propos recueillis par Hervé Dacquet et Claire Raynaud-Gastineau
Le Parisien , mercredi 27 novembre 2002
See less See more
thanks tryphon for posting that!i hope tomorrow there will be interviews of Seb and Paulo! ;)
yes thank you!
I think these interviews are cute :) though I can only understand part of them :p
my arnaudddddddddddddddddd!!
« J'ai une double personnalité »
Sébastien GROSJEAN, 16e joueur mondial




«J'AVAIS cinq ans lorsque j'ai tenu pour la première fois une raquette entre les mains. C'était en 1983, à Pra-Loup, où je vivais. C'est mon cousin qui m'avait prêté sa raquette. J'ai trouvé ça génial et je n'ai plus arrêté. Mais le vrai déclic, ça a été 1991 et la victoire de la France en Coupe Davis. Je regardais ça à la télé. Il y avait Noah, mon idole. Et puis toute cette ambiance. J'ai trouvé ça tellement fort que j'ai décidé qu'un jour je vivrai la même chose.

Le pire souvenir de ma carrière, c'est une blessure, au deuxième tour du tournoi de Marseille face à Krajicek, en 1998. J'ai dû abandonner. A l'époque, je n'étais pas très connu et ce tournoi signifiait beaucoup : c'était chez moi, devant ceux qui m'avaient aidé à parvenir au plus haut niveau. J'étais dégoûté de leur avoir offert un tel spectacle...

Heureusement, il y aussi des bons souvenirs. Comme la finale du tournoi de Bercy, l'an dernier. Je suis rentré sur le central avec Kafelnikov, il y avait la musique à fond et la salle était plongée dans le noir, à l'exception de deux petits projecteurs qui nous éclairaient juste Kafelnikov et moi. J'avais l'impression qu'il n'y avait personne. Et puis tout d'un coup, la musique s'est arrêtée, la salle s'est rallumée et là j'ai vu et entendu ces 15 000 personnes qui hurlaient mon nom. Grandiose...

Mon plus beau souvenir en Coupe Davis ? C'est l'an dernier, à Melbourne, lors de la finale face à l'Australie. Les quatorze mille spectateurs australiens faisaient un vacarme d'enfer. Mais ils ont respecté un silence absolu lorsque nos 1000 supporters ont entonné la Marseillaise . C'était tellement beau. J'en avais des frissons partout. En Coupe Davis, d'ailleurs, je n'ai pas de mauvais souvenirs. Parce que, justement, c'est la Coupe Davis et que, quoi qu'il arrive, c'est toujours génial.

Si je devais me définir, je dirais que j'ai une double personnalité. En public, je suis réservé et timide, Les gens ne connaissent de moi que ce premier côté. Lorsqu'ils me voient dans une interview télévisée, ils doivent se dire que je suis coincé. C'est pour cela d'ailleurs que j'évite d'en faire. Mais en privé, je suis joyeux, chambreur, déconneur.

Il y a une chose que je ne supporte pas dans la vie, c'est le mensonge. Même si j'ai dû mentir à mon capitaine, par omission ! Parce que j'ai joué en cachette au foot quelques jours avant cette finale. Ce qui nous est interdit en raison des risques de blessure. Mais bon, Guy Forget sait bien que ce n'est pas demain qu'il pourra m'empêcher de taper dans le ballon. Parce que je suis un vrai fan de foot.

En dehors de ça, je n'ai pas le temps de faire grand-chose. Je consacre tout mon temps libre à ma femme et à mes deux enfants. Mais plus tard, j'aimerais m'investir dans une association caritative. Le jour où je le ferai, je le ferai bien. C'est pour cela que j'attends la fin de ma carrière pour m'y consacrer. Dans l'univers du tennis, on a tendance à devenir vachement égoïste. Moi, je me rends compte de l'incroyable chance que j'ai. Et c'est pour cela qu'un jour, je veux rendre aux autres tout ce qu'on m'a donné. »


Propos recueillis par Claire Raynaud-Gastineau et Hervé Dacquet
Le Parisien , jeudi 28 novembre 2002
See less See more
They also have another interview of Forget:

Guy (Le Parisien)
i reccomend to everyone to read this interview,not cos this is Guy but cos it'a very nice one,and he talks about his life,his attitude,how much he changed tru the years etc.


C'est un homme de 37 ans plein d'assurance et disponible, ferme sur ses convictions mais entièrement ouvert au dialogue, que les lecteurs du « Parisien » ont pu rencontrer. Guy Forget, dans ce jeu des questions-réponses avec son public, prouve réellement que le personnage a beaucoup changé et énormément mûri. D'ailleurs, le capitaine de l'équipe de France, qui s'apprête à relever de nouveau le défi de la Coupe Davis, parle longuement de lui, avec lucidité, franchise et parfois même sans l'ombre d'une concession. Mais toujours avec passion. Cette passion pour la petite balle jaune qu'il n'a de cesse de communiquer à ses joueurs, fort d'une déjà riche expérience. Et qui, on l'espère, aidera à faire la différence ce week-end à Bercy...

MARIE HERVIEU.
Le fait d'être tenant du titre change-t-il quelque chose dans la manière d'aborder cette finale de Coupe Davis ?
Guy Forget. Cela réconforte les joueurs sur leur capacité à battre un adversaire a priori supérieur. Un exemple : un athlète qui un jour court le 100 mètres sous les 10 secondes sait qu'il peut le refaire. Sans la victoire en Australie de l'an dernier, on se serait dit : Allez, on va essayer de faire un coup. On ne sait pas trop où on va. Est-ce que les Russes vont être bons ? Est-ce qu'on va être capables de gérer le facteur émotionnel ? Etc.

REGINE LECLERC.
Qui, parmi vos joueurs, est en mesure de battre Marat Safin ?
Le mieux armé est Sébastien Grosjean, de par ses résultats et son style de jeu. Derrière, ils sont trois sensiblement du même niveau : Fabrice Santoro, l'empêcheur de tourner en rond ; Arnaud Clément, le fox-terrier. Celui-là, à partir du moment où il vous mord, il ne vous lâche pas. Et il y a enfin Paul-Henri Mathieu. C'est le seul Français qui peut se permettre d'engager un duel physique en jouant à la castagne. Pour battre Safin sur terre battue, il faut en fait être un remarquable contreur, un très bon défenseur et avoir de grosses qualités physiques.

JULIEN ROMANO.
Santoro a déjà battu Safin six fois sur sept. N'est-ce pas un avantage ?
Les victoires de Fabrice sur Safin m'ont toujours beaucoup étonné. C'est un peu l'éléphant qui a peur de la souris. Il se trouve que par la qualité de son jeu, Fabrice fait dégoupiller Safin qui passe d'un niveau élevé à un niveau très médiocre. Maintenant, si je fais jouer Santoro le premier jour contre Safin, il sera physiquement un peu entamé pour le double.

JULIEN ROMANO.
Des joueurs ont-ils déjà refusé une sélection en équipe de France ?
J'ai été confronté à de petits problèmes avec Cédric Pioline à un moment donné. Non pas que la Coupe Davis ne l'intéressait pas, mais par rapport à des habitudes qu'il avait, à son schéma de fonctionnement. Un petit bras de fer s'était engagé. Mais pour l'instant, hormis Mary Pierce en Fed Cup, personne n'a traîné les pieds pour venir en sélection.

« J'ai toujours eu des doutes sur mes capacités. Cela m'a longtemps pénalisé »

MARIE HERVIEU.
Comment s'établit la rémunération des joueurs en Coupe Davis ?
Il y a une cagnotte à la fin de l'année qui regroupe les prix attribués aux équipes et les recettes provenant des spectateurs. Il faut déduire tous les frais pris en charge par l'organisation de l'épreuve. Quand il y a des bénéfices, ils sont partagés entre les joueurs suivant un barème très précis, à savoir un pourcentage par sélection, par match joué et par match gagné ou perdu. Le capitaine touche 15 % sur ce qu'il reste à la fin de l'année. S'il y a déficit, c'est la fédération qui couvre. Quand on va partager la recette de l'année 2002, Cédric Pioline, qui a joué en 2001 dans un pourcentage un peu faible, va récolter une partie de ce que ses copains auront gagné aujourd'hui. Idem pour Olivier Delaître, qui n'a joué que le match de double à Rennes il y a deux ans, il a reçu un chèque à la fin de l'année 2001 de 200 000 F ou 300 000 F (NDLR : 30 500 € ou 45 700 €).

OLIVIA BAUMGARTNER.
J'ai beau être une licenciée, je n'ai pas pu acheter de places pour la finale à Bercy. Sans piston, c'est mission impossible. C'est à croire qu'il n'y a des places que pour les VIP...
Je sais, je sais... C'est un problème même pour nous. Par joueur, on a quinze invitations. Si on en veut plus, il faut les acheter. Et j'ai eu jusqu'à cent demandes par jour. Il n'y a rien de pire que de devoir refuser.

OLIVIA BAUGMARTER.
J'ai même essayé par une parente à Genève d'avoir des places par la ligue de Haute-Savoie. On m'a répondu qu'il n'y avait que huit places pour cette ligue...
Demandez donc une explication à Christian Bîmes (NDLR : président de la Fédération française de tennis). Il n'est pas en très bons termes avec M. Lovera, président de la ligue de Haute-Savoie. C'est scandaleux que la ligue de Haute-Savoie, la première ou deuxième de France, n'ait eu que huit places.

JULIEN ROMANO.
Le joueur Forget a longtemps manqué de confiance en lui. Pourquoi ?
Quand j'ai commencé, on allait à l'aventure au niveau de l'entraînement, de la préparation physique et psychologique. Yannick (Noah) était au-dessus du lot. C'est le premier Français qui a ouvert la voie des joueurs charismatiques, qui se comportaient comme des vainqueurs sur le court. On essayait bien de l'imiter. Mais se comparer à Noah quand on est adolescent, ce n'est pas facile. Il est grand, il est noir, il saute haut, il parle fort. On se dit : Qu'est-ce que j'ai en commun avec ce mec-là ? Petit, j'étais très timide, un peu introverti. J'étais le petit dernier, j'avais une mère un peu autoritaire. J'ai toujours eu des doutes sur mes capacités. Cela m'a longtemps pénalisé. J'étais très fort techniquement mais, arrivé à un haut niveau, ça se joue à l'ego. Il faut être très méchant, très dur, parfois avoir une forme de prétention pour se persuader qu'on est le meilleur. Cette image de garçon timide, gentil, je l'ai traînée, même après quand je jouais bien. Pour des raisons extérieures au tennis, j'ai mûri beaucoup plus tard que certains.

« En Coupe Davis, on vit des choses semblables aux footballeurs ou aux rugbymen »

JULIEN ROMANO.
Vous servez-vous de cette expérience-là avec vos joueurs aujourd'hui ?
Aujourd'hui, les joueurs sont beaucoup mieux armés par rapport à ça. Ils ont des points de repère. Depuis, ils ont vu Pioline, moi, et se sont dits : Ils l'ont fait, je peux le faire. C'est plus simple pour eux. En France, on a plus une mentalité de vainqueur maintenant. Avant, le vainqueur était un gars presque anormal. On avait Poulidor, des bons gars qui se bagarraient bien, des deuxièmes. Et puis on a commencé à gagner un peu, et maintenant on gagne dans toutes les disciplines, en handball, en foot, en rugby... Les mentalités ont changé.

MARIE HERVIEU.
Le capitaine Forget en 2002 n'est plus le même que le capitaine Forget en 1999. Pourquoi ?
Quand j'ai pris en main cette équipe, je n'étais pas suffisamment armé pour faire face aux problèmes. J'essayais de résoudre les cas avec mon expérience de joueur. Il n'y a pas d'école pour être capitaine. J'ai avancé à tâtons. Je n'ai pas été assez vigilant, objectif, catégorique. Cela s'est retourné contre moi. Je me suis donc entouré de gens qui croyaient en moi et on a fonctionné selon mes règles. J'ai dit aux joueurs : Vous allez vous mettre au service du capitaine de l'équipe sans poser de questions.

OLIVIA BAUMGARTNER.
Etes-vous épanoui aujourd'hui ?
Oui, je suis un capitaine heureux parce que j'ai la chance d'avoir de bons résultats. Au-delà de la victoire, l'aspect humain est magnifique. En Coupe Davis, on vit des choses semblables aux footballeurs ou aux rugbymen. C'est ce qui nous manque dans notre sport d'égoïstes. C'est une satisfaction personnelle importante, surtout quand on voit d'où on est venu, que la mayonnaise a pris, que le groupe est relativement soudé. Même si c'est fragile, c'est très chouette.

OLIVIA BAUMGARTNER.
Est-ce plus fort de gagner la Coupe Davis en tant que joueur qu'en tant que capitaine ?
C'est différent. La victoire de Lyon en 1991 restera incomparable parce que c'était la première. C'est un peu comme un alpiniste qui s'attaque pour la première fois à un sommet. Pour nous, c'était énorme. Les victoires suivantes avaient un goût qu'on connaissait. La délivrance sur la balle de match reste toujours aussi forte, mais Lyon reste particulier, peut-être aussi parce que j'étais acteur.

ERIC CHARRIER.
Si vous gagnez une deuxième Coupe Davis d'affilée, n'est-ce pas l'occasion rêvée de...
(Il coupe.) Oh, non ! Je ne vais pas partir là-dessus. Je ne jouais pas au tennis pour battre des records mais parce que j'aimais ça. Je suis capitaine parce que j'aime ça et que mes joueurs me le rendent au centuple. Tant que j'aurai cette flamme, je continuerai. Je n'aime pas ce côté du champion qui se dit : J'ai gagné, je me retire. C'est le côté un peu égocentrique, prétentieux du sportif ou de l'actrice sublissime qui, à 35 ans, dit stop à cause d'une ride au coin des yeux. J'ai beaucoup de respect pour un garçon comme Chang qui continue par passion. S'arrêter au sommet, c'est avoir peur de quelque chose qui fait partie de la vie.

OLIVIA BAUMGARTNER. Qui voyez-vous, le moment venu, assurer votre succession ?
Je n'en sais rien. Je suis responsable d'un état esprit. J'essaie de transmettre des valeurs et il faut que, le jour où je laisse le groupe, mon successeur arrive dans une société saine.

FREDERIC SANFOURCHE.
Que feriez-vous en tant que ministre des Sports ?
Je donnerais une place plus importante au sport dans la vie scolaire. J'essaierais d'avoir des crédits plus importants pour le sport, bien avant la culture et l'armée. Je m'engagerais dans des mesures préventives contre le dopage. Mais le dopage ne peut être vaincu que par les athlètes eux-mêmes.

JULIEN ROMANO.
Je suis classé 0, je connais de très bons joueurs qui laissent entendre qu'il faut se doper pour rester dans les cent premiers mondiaux...
Je suis persuadé que c'est faux. On peut être dans les dix premiers sans jamais avoir pris le moindre produit dopant. Je parle d'aujourd'hui, dans dix ans je ne sais pas. Maintenant, je mentirais si je disais qu'il n'y a pas des tricheurs. Mais, en tennis, le petit peut battre le grand, contrairement à d'autres sports... Si mes enfants s'engageaient dans certains sports aujourd'hui, je serais très inquiet. Je les en détournerais. Il y en a beaucoup où il est quasiment impossible de s'imposer sans se doper.

REGINE LECLERC.
Vos enfants s'intéressent-ils au tennis ?
Oui mais je ne sais pas s'ils seront des champions. Ils passent moins de temps sur le court que moi au même âge. J'en suis responsable. Quand le week-end arrive, je préfère les emmener faire du ski.

FRANÇOIS-HENRI MAUBLANC.
Yannick Noah a-t-il toujours une influence sur vous, sur l'équipe de France ?
Quand on se voit, on parle peu de tennis. Le travail que j'effectue et mon rôle en tant que capitaine, sous bien des aspects, ressemblent à ceux de Yannick. Je n'ai pas de recette miracle. Yannick non plus n'en avait pas. Souvent, les gens disaient de lui que c'était un sorcier. En fait, il n'y avait pas de gars plus rigoureux, plus méthodique dans la préparation de Coupe Davis. Sous cet aspect-là, je lui ressemble. Il était à Roland-Garros, il sera là à Bercy pour la finale, pour nous encourager. Quand il m'interroge, c'est plus pour savoir ce qu'il se passe au sein de l'équipe, vivre ça de l'intérieur, que pour me donner des conseils.

REGINE LECLERC.
Comment trouvez-vous le Noah chanteur ?
C'est quelque chose que je lui envie. Il est très bon sur scène. Je trouve qu'il y a beaucoup de gens dont c'est le métier qui sont beaucoup moins à l'aise et qui ne communiquent pas comme lui avec le public. Il s'en fiche si on le trouve mauvais et qu'il n'y a que dix personnes dans la salle. Cela ne l'empêchera pas de s'éclater. Si cela m'arrivait, j'en serais malade.

ERIC CHARRIER.
On a vu beaucoup de maillots de l'équipe de France de football en demi-finale face aux Etats-Unis. Y a-t-il un effet Coupe du monde qui profite aujourd'hui au tennis ?
C'est marrant car, en 1991, avant même les Bleus et la Coupe du monde 1998, on a battu les Etats-Unis en finale de la Coupe Davis. On était peut-être la première équipe sportive française qui gagnait une compétition face à une formation qui paraissait intouchable. Battre Agassi et Sampras à cette époque-là, c'était aussi fort que de battre le Brésil au Stade de France en 1998. D'une certaine manière, nous avons été les premiers à ouvrir la voie. Quant au public, son impact est capital. Le joueur adverse a beau dire qu'il est dans sa bulle, qu'il n'entend rien, c'est faux. Parfois, Kafelnikov et Safin deviennent très perméables à ce genre de situation. Je veux qu'on arrive à les toucher sur ces points sensibles. Cela peut faire la différence.

CLAIRE BONE.
Qui voyez-vous dominer le classement national, voire mondial ?
Sébastien Grosjean est bien installé, il est jeune. Mais un garçon comme Paul-Henri Mathieu peut assez vite le bousculer. Aujourd'hui, c'est lui qui a le plus de chances d'arriver vite dans les tout meilleurs au monde.

OLIVIA BAUMGARTNER.
La suprématie des deux soeurs Williams est à mon goût néfaste pour le tennis féminin. Qu'en pensez-vous ?
Les Williams ont mis la barre très haut. Derrière, excepté Mauresmo, il y a plein de joueuses qui ne sont pas abouties techniquement, qui ont une surcharge pondérale de 5 à 15 kg pour certaines, mais qui sont quand même parmi les dix meilleures joueuses du monde et gagnent trois millions de dollars par an... Aujourd'hui, pour pouvoir battre les Williams, qui ont des lacunes dans leur jeu, il faut avoir des filles beaucoup plus fortes techniquement, intelligentes. Il y en a tellement qui jouent bêtement, c'est affligeant. La plupart des autres filles se sont endormies. Les Seles, Capriati et Davenport ne sont pas des athlètes. Quand je vois la finale du 400 m en athlétisme, je suis désolé, je ne vois pas une fille qui a un kilo en trop.

MARIE HERVIEU.
Si vous le pouviez, que changeriez-vous dans votre carrière de joueur ?
J'aurais aimé avoir le recul de mes 28 ans lorsque j'ai commencé ma carrière. Je vivais mal le fait de ne pas pouvoir m'exprimer, un peu comme un comédien qui aurait souffert d'un bégaiement. Quand j'ai franchi ce cap-là, cela me paraissait tellement facile et extraordinaire que je suis frustré de ne pas avoir pu intégrer beaucoup plus tôt ces aspects-là, tout ce qui touche à l'émotionnel, à la croyance que l'on peut avoir dans ses forces. Trop de doutes m'ont fait perdre du temps.

CLAIRE BONE.
Quelle image aimeriez-vous laisser ?
Celle de quelqu'un passionné par ce qu'il faisait, qui l'a fait de manière sérieuse et rigoureuse. J'ai toujours eu une hygiène de vie, je ne fumais pas, je ne fume toujours pas, je ne buvais pas, j'essayais d'être professionnel, je crois que c'est l'image que j'ai. Ma mère m'a toujours poussé dans ce sens. Je préfère une image saine à celle de quelqu'un de grossier, irrespectueux des traditions, des gens, même si les jeunes s'identifient plus facilement à des gars plus extravertis.
See less See more
1 - 9 of 9 Posts
This is an older thread, you may not receive a response, and could be reviving an old thread. Please consider creating a new thread.
Top