« Je suis allé me voir sur YouTube »
Paul-Henri Mathieu ne savait plus comment il jouait quand il était bon. Alors, il s’est rafraîchi la mémoire.
« Y AVAIT LA PLACE pour battre Feliciano Lopez ici (défaite 3-6, 6-3, 6-4 dimanche). C’est dommage et décevant, mais il ne faut pas oublier d’où je reviens. Je gagne du terrain contre la douleur chaque jour. D’abord le genou, après la pubalgie, ça faisait quatre mois que je n’avais pas osé des courses et des freinages secs. Contre Lopez, trois ou quatre fois, j’y suis allé à fond. Or, chez moi, le physique est essentiel. C’est la base de mon jeu. Aujourd’hui, je suis même plus fort qu’avant là-dessus. Je suis devenu souple à force de faire des étirements. Pendant que tout le monde était à l’Open d’Australie, moi, je passais mes matinées à l’hôpital de Clamart. Moralement, c’était pas terrible à vivre. J’ai perdu du temps à me soigner mais, au moins, j’ai pu réfléchir à mon jeu. Avec Olivier (Malcor, son coach depuis quatre mois), on a énormément discuté de ça. Mais il y a mieux : je sais de nouveau comment je jouais quand j’étais bon (12e mondial en avril 2008, il est aujourd’hui 41e). C’est marrant comme on peut douter de soi. Il y a quatre ou cinq jours, je suis allé me voir sur YouTube. J’ai revu des bouts de mes victoires contre Cañas à Montréal (2007) et Naso àMunich (2008). C’est bizarre, mais je me souviens vachement mieux des défaites. Bref, j’ai pu voir qu’à l’époque je ne faisais jamais de faute en revers. C’est dingue comment ça m’a frappé. C’est dingue d’avoir pu oublier ça. C’était quand même moi qui jouais et ce n’est pas si vieux. Sur YouTube, j’ai vu que je pouvais tenir n’importe qui en diagonale de revers. Voilà, j’avais besoin de revoir ces images. Ce n’est pas trop tard, je n’ai que vingt-huit ans. C’est une deuxième carrière qui commence. » – Frédéric Bernès