Any news about Nicolas? Anything...
Please...
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Me too, I really like that he has hired Nicolas and ThierryRe. Escude, yes I think he is sharing the coaching with Ascione. He was certainly there at all his Queens matches/practises, so I think it's quite a permanent arrangement. I really like this addition to his team.
Copain comme Nico
Joueur à l’ancienne, équipier modèle, bonhomme épatant, Nicolas Mahut vient aussi de décoller l’étiquette du perdant magnifique en remportant son tout premier titre ATP.
LONDRES –de notre envoyé spécial
APRÈS TANT DE LARMES versées sur son statut de perdant magnifique, il était temps que Nicolas Mahut fasse pleurer les autres. Dimanche, dans le petit jardin qui surplombe les allées du All England Club, Paul-Henri Mathieu n’était plus très loin de craquer au moment d’enlacer son copain pour le féliciter de son premier titre à ‘s-Hertogenbosch. On le sait, on était là, tandis que défilaient le préparateur physique de Verdasco, l’agent de Tsonga, tout le tennis français et tant d’autres avec le sourire aux lèvres, tous plus contents les uns que les autres pour ce « Nico » débonnaire et généreux.
S’ils avaient pu, on jurerait qu’ils auraient organisé un banquet pour fêter l’un des incontestables leaders du prix Orange du circuit.
Quinze jours plus tôt, il avait pourtant écrit un nouvel épisode de ses sagas damnées qui semblaient l’avoir figé définitivement dans le périmètre des maudits. On avait eu en 2007 l’immanquable balle de match face à Andy Roddick pour gagner le Queen’s, qui lui aurait épargné six ans supplémentaires de quête, puis les épiques 11 h 5 min noyées en une seconde après la balle de match gagnée par John Isner à Wimbledon en 2010. Et voilà que ce 8 juin 2013, il avait servi pour rien à 4-3 dans le tie-break du dernier set de la finale du double à Roland-Garros face aux Bryan, encore battu, encore larmoyant. Une nouvelle fois, il n’avait pas pu s’empêcher de s’accuser en stigmatisant une volée ratée et de penser au plaisir qu’il n’avait pas pu offrir à ceux qui l’aimaient. Une nouvelle fois, il avait été compact pendant l’acte et fragile au finish, grandiose pour rien.
« Awesome » (« énorme »), l’avaient accueilli les gens de Newport aux USA après la campagne Isner 2010. Mais riquiqui rayon palmarès. « Appelez-moi le Poulidor du tennis français » : son sms envoyé après l’échec en double résonnait comme l’épitaphe d’une carrière riche en émotions et pauvre en résultats. N’avait-il pas restreint son périmètre d’ambition quand, petit, il faisait volée-volée tout seul contre un mur en se prenant pour Edberg… sans jamais se faire gagner en finale d’un Grand Chelem ? Ne s’était-il pas enfermé dans sa bulle après avoir vécu l’affront de se faire siffler aux Petits As car, malade, il avait dû renoncer à disputer la finale du double ? N’avait-il pas semé les germes de la malédiction quand même sa victoire en juniors à Wimbledon en 2000 avait été ternie par un mauvais souvenir, faute d’avoir pu participer au prestigieux bal final du All England réservé à tous les vainqueurs. Le motif ? L’oubli des chaussures assorties au smoking de rigueur (*)…
Nicolas Mahut avait d’abord raté le passage juniors-seniors en ayant peur de ne pas être à la hauteur de l’intérêt suscité. Émotif, il lui faudra attendre la fin de la saison 2003 pour remporter, à Metz, son deuxième match chez les pros. Il en souffrait. « De ma génération (celle des 1982, où figurent notamment Coria, Roddick ou Robredo), je suis le seul à ne jamais avoir percé », se plaignait-il. Puis l’Angevin fut victime du blocage dans les tournois du Grand Chelem, là où, se disait-il pour se rajouter de la pression, « le vrai tennis se joue. »
« ce qui me caractérise, je pense, c’est que je ne lâche jamais »
Et c’est seulement en 2010 qu’il mit fin à sept défaites d’affilée au premier tour à Roland-Garros. Poussant jusqu’au bout les caricatures du joueur made in France, il avait le beau jeu en bandoulière et le mental en berne, incapable de se positionner en valeur sûre du circuit. C’est un genre à l’ancienne, bâti pour poser des volées ciselées sur le pré et vivre des aventures humaines et chevaleresques avec son clan. Mais tandis qu’on l’imagine rayonnant à l’époque de la Old England, il a dû se battre comme un chien pour tenter d’exister sur le circuit du XXIe siècle. Lui qui aime tant partager ne s’est jamais retrouvé prioritaire dans l’affectation des entraîneurs à la FFT ou dans feu le team Lagardère. Lui qui parfois se sentait pousser des ailes a rapidement dû composer avec des blessures au pied, à l’épaule ou au genou qui l’ont à chaque fois renvoyé dans les bas-fonds. Voici le plus aérien des galériens, puisqu’il n’est plus à un paradoxe près. Tout le monde vous le dira sur le circuit : il n’y a pas pire épreuve pour un joueur confirmé que de revenir dans le top 100. Et Mahut, aussi doux soit-il, aussi réglo soit-il – au point de renoncer à une wild-card lors du dernier Open d’Australie –, a déjà réussi cette performance à trois reprises.
À quelques mois de devenir un héros de résistance face à Isner en 2010, il n’était qu’un pâle joueur claudiquant. Quelques semaines avant de poser avec un trophée en 2013, il s’imaginait replonger au 300e rang mondial en récusant malgré tout les nombreuses personnes qui lui conseillaient de finir en roue libre dans la confrérie des joueurs de double. « Je voulais pouvoir me regarder dans la glace », disait-il Tout le monde lui dira qu’il peut être fier du reflet. « J’aime ma carrière, ajoutait-il dimanche. Elle n’est pas neutre. Dans les grands moments, même si je les avais perdus, je n’étais pas passé à côté. J’avais répondu présent quand même. Après avoir pleuré sur le central de Roland après la défaite face aux Bryan, je m’étais trouvé grotesque. Je n’avais pas su gérer mes émotions. Je me demandais si ça n’avait pas été déplacé. Mais le retour que j’avais eu des gens m’avait réconforté. J’aime partager et j’ai eu le sentiment qu’on me le rendait au centuple. C’est aussi une énorme fierté que de revenir de nulle part. Il y a quelques mois, j’étais encore nulle part. Mais ce qui me caractérise, je pense, c’est que je ne lâche jamais. »
FRANCK RAMELLA