Interview of Jo in l'équipe of this morning... he rested well, he lost weight, he attended his sister wedding last saturday and he's hungry of tennis
WASHINGTON (ATP 500, dur)
« Chatouiller le top 5 »
JO-WILFRIED TSONGA attaque aujourd’hui sa tournée américaine avec des kilos en moins et l’ambition de franchir un nouveau cap.
La dernière fois qu’on l’a vu sur un court, il y a cinq semaines, Jo-Wilfried Tsonga s’était fait assommer à coups d’aces par l’ogre Karlovic, au troisième tour de Wimbledon (7-6, 6-7, 7-5, 7-6). Depuis, le numéro 1 français (no 7 mondial) s’est reposé quinze jours en Suisse, a ensuite progressivement repris l’entraînement et la raquette, a marié sa sœur samedi dernier au Mans – « Tout s’est bien passé, elle a dit oui » – et il a atterri à Washington dimanche soir. Il attaquera son tournoi aujourd’hui contre le géant américain Isner, un autre grand serveur, pour faire la transition après Karlovic. Pour la première fois de sa carrière, il dispute une vraie tournée estivale américaine avec ensuite les deux Masters Series à Montréal et à Cincinnati, puis l’US Open pour finir (31 août-13 septembre). Avec sa nouvelle raquette et son « nouveau » corps, puisqu’il arrive allégé. Et déterminé à augmenter aux États-Unis ses chances de qualification pour le Masters.
WASHINGTON –
de notre envoyé spécial
« CONTENT D’ÊTRE à Washington et de lancer le grand mois américain ?
– En roulant de l’aéroport vers l’hôtel, je me disais que c’était bon d’arriver en tournoi, plein d’appétit après une bonne pause.
– Une pause qui était peut-être intervenue un poil trop tôt, dès le troisième tour d’un tournoi de Wimbledon où l’on aurait pu vous imaginer traverser le tableau…
– Contre Karlovic, c’est sûr, ç’a été une défaite assez décevante, j’aurais pu mieux faire… Mais en même temps je relativise car je me sens dans une phase de transition, avec ma nouvelle raquette (1), que j’utilisais pour la première fois sur surface rapide à ce moment-là.
– Parlons-en, de cette raquette. À la base, elle n’était censée vous accompagner que pour la saison de terre battue, mais finalement vous ne vous en séparez plus ?
– En fait, elle m’a apporté tellement sur terre que je me suis dit : « Pourquoi ne pas l’utiliser partout ? » Ensuite, je n’ai pas voulu me prendre la tête en rechangeant. Je ne suis pas du tout pointilleux sur le plan technologique, le cordage, tout ça. Une fois que j’ai choisi de garder cette raquette, je ne me suis jamais dit que j’allais revenir en arrière.
– Mais si ce nouveau cadre était censé vous apporter un plus sur terre, ne vous retire- t-il pas quelque chose sur surface rapide ?
– En fait, il n’y a pas que des avantages mais, au final, je suis content. Et, encore une fois, je ne me pose plus la question. Je joue avec, point. Je suis donc encore en phase de transition dans ce domaine, puisque ça va être mon premier tournoi sur dur avec, mais ça n’est pas le seul. La transition, au-delà de la raquette, c’est mon physique.
« Aller chercher
ma qualification
pour le Masters »
– C’est-à-dire ?
– Je suis en train d’essayer de perdre du poids, mais de le perdre intelligemment. Pas faire deux mois de suite où je perds beaucoup pour le reprendre dès que j’arrête de faire attention. Là, j’ai envie de descendre progressivement, ce que je fais depuis le début de l’année. Mon métabolisme change et c’est bien.
– Êtes-vous entré dans une phase d’analyses biologiques pour déterminer votre poids de forme idéal ?
– Il n’y a pas eu d’analyses particulières, c’est juste au feeling. Là, je suis au poids que je fais habituellement à la fin d’une tournée, donc je devrais encore faire baisser ça cet été.
– Et aujourd’hui vous pesez ?…
– Je préfère garder ça pour moi. (Sourire.)
– Mais vous êtes nettement en dessous du poids officiel stipulé sur votre fiche ATP (91 kg pour 1,88 m) ?
– Oui, voilà…
– Quand vous parlez de transition, est-ce que vous englobez aussi votre statut sur le circuit ?
– Pas vraiment, dans la mesure où je suis installé depuis un petit moment dans le top 10 et que je me sens top 10. Maintenant, le but du jeu, bien sûr, c’est de progresser encore pour aller chatouiller le top 5. Mais le classement en lui-même n’est pas une obsession. Par exemple, je viens de redevenir septième mais c’est quelqu’un qui me l’a appris par texto. Ça ne change pas ma journée, d’être huitième ou septième joueur mondial. Tant que t’es pas no 1, 2 ou 3, ça ne change pas trop…
– Il y a un an tout juste, vous étiez blessé. Vous n’avez donc pas de points à défendre avant l’US Open…
– J’ai justement l’occasion de pouvoir m’installer définitivement dans le top 10, d’aller chercher ma qualification au Masters pendant ce mois d’août. Le but du jeu est d’engranger des points là, parce que je n’en ai jamais pris (2). Tout ce que je vais prendre va être du bonus. Si je joue bien aux États-Unis cet été, je peux y aller…
– Vous suivez de près la course au Masters ? Vous connaissez votre position actuelle ?
– Je dois être dans les vingt premiers, non ?
– Vous êtes quatorzième, à 500 points (ce que rapporte le titre à Washington) du huitième et dernier qualifié virtuel, Robin Söderling…
– C’est ce que je dis, si je joue bien dans cette tournée, je vais me rapprocher.
– Autre raison d’espérer franchir un cap : vous ne vous blessez plus !
– C’est vrai que ça fait près d’un an qu’aucune blessure ne m’empêche de jouer. D’ailleurs, c’est aussi pour ça que je me suis bien reposé ces dernières semaines. J’ai bien fait le vide parce qu’à force de ne pas me blesser j’enchaîne comme jamais j’avais enchaîné. Et je sens que je planifie à bon escient. Chaque fois que j’ai décidé d’un programme, je ne l’ai pas payé derrière. Et là, je reprends de zéro, plein d’envie quoi. »
JULIEN REBOULLET
(1) Raquette au tamis un peu plus grand, au profilage plus large, aux cordes plus espacées, qu’il a commencé à utiliser quinze jours avant Roland-Garros et qui est censée lui apporter plus de puissance, plus d’effet et plus de longueur de balle, aux dépens du contrôle.
(2) Dans sa carrière pro, Tsonga n’a presque jamais joué au mois d’août, période où il était souvent blessé.