« Je n’étais pas assez frais»
GAËL MONFILS a perdu hier sa cinquième finale d’affilée. Le Français ne croit pas à une malédiction. Gaël Monfils, dominé 6-4, 6-4 sur deux breaks, n’a pas pu résoudre le casse-tête posé par Philipp Petzschner. Issu des qualifications, l’Allemand (24 ans), qui va passer de la 125e à la70e place mondiale aujourd’hui,a joué intelligemment, en « appliquant parfaitement la tactique de mon coach », a-t-il expliqué. Tactique qui consistait à distribuer en faux rythme des balles basses et coupées, revers contre revers, puis à délivrer un “cachou” ou une amortie, en coup droit. Après s’être énervé d’entrée après l’arbitre (avertissement pour avoir lancé une injure), le Français – qui entre néanmoins aujourd’hui pour la première fois de sa vie dans le top 20 (19e) – a beaucoup grimacé en touchant son genou gauche pendant les trois quarts du match.Mais il est sorti du court en félicitant chaudement son adversaire.
« QU’AVIEZ-VOUS exactement au genou ?
– Il faut arrêter de se focaliser sur mes blessures. Il paraît, on m’a dit, qu’il y a quatre jours on parlait vachement de mon épaule, mon cou, là de mon genou… Je suis comme tout le monde, j’ai des blessures. Chaque fois que je vous le dis, vous vous foutez de ma gueule. Je préfère ne plus rien vous dire.
– Votre “ body language ” ne laissait aucune équivoque…
– J’ai toujours un problème au genou (il désigne sa rotule gauche). Et, cette semaine, j’ai tiré vachement dessus. Mes muscles sont hyper contractés, cela tire sur la rotule. J’ai mal au genou, mais ce n’est pas pour ça que j’ai perdu. Je joue avec. Toute ma vie, je vais jouer avec. Quand je suis tendu,mon genou me serre davantage.
– Vous avez joué en effet avec moins de relâchement…
– Ce n’est pas une question de relâchement. C’était plus dur. Samedi, j’ai fait un gros match (6-4, 5-7, 7-6 contre Kohlschreiber). J’ai récupéré, mais pas assez. Aujourd’hui (hier), je ne peux rien faire. C’est un gars bien, qui mérite sa victoire. Je suis content pour lui. Il a un jeu hyper chiant. Son revers était bas et rasant, court, long ; amorties, volées… Le mec a bien joué. Mieux qu’à Bangkok (victoire de Monfils, il y a quinze jours). Je n’arrivais pas du tout à fléchir mes jambes. Les balles étaient lourdes. Je n’étais pas assez frais dans la tête et physiquement pour essayer de le battre. Bravo à lui, ils nous a tous fait déjouer, et nous a tous bien battus (Wawrinka, Moya, Lopez, Monfils). Il n’a pas volé ses matches.
– Vous allez être pour la première fois dans le top 20. Que ressentez-vous ?
– Franchement, je verrai demain (aujourd’hui). Et encore, je ne sais même pas si je regarderai. Je suis concentré sur le fait de me débarrasser de ces courbatures d’ici à deux jours pour aborder Madrid dans les meilleures conditions.
– À la Race, vous êtes seizième, il y a peut-être un coup à jouer par rapport au Masters, non ?
– Je ne regarde pas les données chiffrées. Pour l’instant, j’essaie de jouer, de bien m’entraîner. Dans notre premier contact après le match, Roger (Rasheed, son coach) m’a davantage parlé de ma semaine, qui a été bonne, que de la finale. Il m’a dit : “ Avec tes jambes lourdes, c’était plus dur pour toi de développer ton jeu. Nous allons travailler vachement ça après la saison. ”
– Après votre premier titre (à Sopot, en 2005), vous avez perdu cinq finales de suite, croyez-vous à une sorte de malédiction ? Un stress lié aux finales ?
– Non. À Metz, je joue Ljubicic, 4e mondial (16e à l’époque, en fait). À Lyon, je perds contre Roddick, qui est numéro 3 (exact). À Doha, je joue Federer, numéro 1 (re-exact). À Pörtschach, Monaco était seizième (47e…) sur terre battue… Ici, le mec a mieux joué que moi. C’est vrai, c’était la finale la plus “ facile ” à jouer. J’aurais pu gagner, je n’ai pas réussi. »
DOMINIQUE BONNOT